Débat : pour ou contre les goodies à tout va ?

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Que pensez-vous des goodies ?

Mais peut-être faudrait-il revenir à la base, avant d’entrer dans le débat :

Un goodie, c’est quoi ?

Les goodies sont des produits dérivés d’une marque, employés comme cadeaux publicitaires. On en a tous un qui traîne quelque part : un porte-cartes offert par une banque, un stylo coloré, un jeton de caddie E.Leclerc ou Intermarché, un porte-clés au nom du concessionnaire où vous avez acheté ou entretenez votre voiture, un tote bag de votre boutique préférée, et même les stickers et les écocups de festivals (oui, celles que vous gardez pour en faire la collection au lieu de récupérer la consigne !).

Pour faire simple : le goodie c’est un objet qu’on vous offre dans le cadre d’une stratégie marketing dont le but est que vous vous souveniez de cette marque, qui a quand-même été sympa de vous faire un cadeau.

Les goodies : utiles ou inutiles ?

Les goodies en eux-mêmes peuvent être des objets totalement inutiles comme les stickers ou les magnets (je sais qu’il y a des fans, mais pour moi c’est vraiment du pur gaspillage de matière et d’énergie). Mais ils tendent en général à servir à quelque chose (un minimum). Et c’est même encore mieux pour la marque si vous utilisez ce cadeau tous les jours : vous verrez plus souvent son logo, et votre inconscient associera encore plus fortement la marque à l’idée positive que doit en donner ce cadeau.

La mode est au « vert »

Aujourd’hui, la mode est à l’écologie, donc les goodies sont de plus en plus souvent recyclables et recyclés, voire même biodégradables (vous connaissez le crayon à graines ?). Au premier abord, on peut se dire que c’est cool, ça va dans le bon sens !

Il y a même des goodies vraiment pratiques comme les clés usb, les chargeurs de téléphone, ou encore les enceintes bluetooth (enfin, c’est ce que j’ai lu parce que personnellement je n’ai jamais reçu de tels cadeaux publicitaires !).

Pourquoi s’en plaindre alors ?

Cependant, il faut garder un petit détail à l’esprit : ces cadeaux doivent rapporter plus qu’ils ne coûtent à l’entreprise qui les distribue. L’unique but de l’opération, c’est de se faire bien voir, de faire faire leur publicité par les gens qui trimbalent les objets portant leur logo partout avec eux, et ainsi… gagner plus d’argent.

Il peut donc être intéressant de creuser un peu plus sur ce que sous-entendent les goodies :

1/ LA QUALITÉ

Si certaines entreprises financent des goodies de qualité pour soigner encore plus leur image, bien souvent pour que ça ne coûte pas trop cher et que l’opération reste rentable, on trouvera des objets d’une qualité discutable (vous avez remarqué comme les stylos en plastique qu’on récupère à droite à gauche arrivent vite à court d’encre ?).

Autrement dit, leur durée de vie est très limitée, et ils feront très vite connaissance avec le contenu de votre poubelle. Cela dit, qu’ils y arrivent vite ou pas, c’est le destin de tous les goodies, qualitatifs ou non. Mais même les choses inertes méritent un minimum d’espérance de vie pour rentabiliser la matière extraite et l’énergie employée pour les produire !

2/ LA PRODUCTION

Oui, on trouve désormais des goodies « écolos » : la mode est au bambou, au liège, à la fibre de paille (vous connaissez ??) et au bois. Du point de vue du consommateur, c’est super ! C’est beau, c’est nouveau, c’est « responsable » et de plus en plus souvent utile pour couronner le tout. Pourquoi s’en priver ?

Mais je ne peux m’empêcher de me demander si la production de ces objets, fabriqués en masse à très bas prix pour pouvoir être offerts par dizaines, centaines voire milliers d’exemplaires, est aussi « écolo » qu’elle en donne l’illusion.

Éthique, sûrement pas, écolo, c’est à voir, solidaire, ça m’étonnerait.

Pour que ça coûte aussi peu cher (quoi que je n’aie aucun chiffre à vous soumettre pour valider mes théories, puisque cet article est avant tout basé sur mes propres hypothèses pour soulever des questionnements !), il y a sûrement une embrouille quelque part ! Je ne pense pas qu’il me faille une preuve pour qu’on puisse imaginer que c’est un cas classique de « greenwashing » avec des produits issus de circuits et productions peu scrupuleuses, surtout en termes de rémunération des travailleurs. Mais, je n’affirme rien !

3/ TOUJOURS PLUS DE DÉCHETS

Comme je l’évoquais dans le petit 1), tous ces objets sont des déchets en puissance.

Vient maintenant la question du « je l’ai déjà ». C’est bien, des objets utiles, mais au bout d’un moment quand on a 15 porte-clés, 4 jetons caddie, 6 clés usb et 15 stickers (bon, ok, j’exagère un tantinet), on ne sait plus quoi en faire parce qu’on ne peut pas tous les utiliser.

Alors, on a le choix de les considérer comme des « remplaçants » de celui ou ceux qui sont déjà à l’usage, ou bien de les jeter tout de suite pour ne pas s’encombrer et parce que vraiment ça ne nous intéresse pas, ou encore de les donner à quelqu’un ou de les laisser traîner dans un tiroir.

D’un point de vue minimaliste, grande tendance amie de la décroissance, ce n’est donc pas bon du tout… (et je ne juge personne parce que je suis très loin d’être minimaliste chez moi, au contraire !).

PETIT APARTÉ SUR LE DEVENIR DE NOS POUBELLES NOIRES

Et je vous garantis que quand on sait à quoi ressemble (et combien pue) un site d’enfouissement des déchets non recyclables, on n’a plus aucune envie d’y rajouter ne serait-ce qu’un pot de yaourt.

Ce ne sont rien d’autre que des poubelles géantes : une bâche gigantesque recouvre une cuve creusée à même la terre et on la remplit de tous nos déchets (oui, ceux que vous ne prenez pas toujours la peine de trier parce que la flemme !).

On tasse bien et on compresse pour ne pas perdre le moindre mètre cube de place, puis quand c’est plein on ferme la poubelle géante et on recouvre de terre et de gazon, on y met des moutons, et c’est ni vu ni connu ! Comme quand vous balayez en mettant les saletés sous le tapis.

Ce ne sont pas les noisettes égarées des écureuils que les générations futures trouveront en faisant un trou dans leur jardin, ce sera nos vieilles poubelles qui ne se dégraderont jamais.

Conclusion

Cette logique marketing des goodies correspond au monde consumériste qui est en train de nous montrer ses limites, et qu’elle soit soit-disant écolo ou pas, le fait est que son principe même est de produire en masse des choses (parfois inutiles et de mauvaise qualité) que personne n’a demandées, mais qu’on est contents de recevoir quand-même dans la plupart des cas, et qui vont trouver leur place soit dans nos maisons soit dans nos poubelles (tôt ou tard).

Cela vaut surtout pour les grandes entreprises, où tout est pensé et réalisé à grande échelle avec assez peu de conscience écologique et environnementale.

Mais pour les petites structures comme nous ? Qu’est-ce que vous en pensez ?

En même temps, c’est tentant !

De mon côté, je dois admettre qu’il y a une part enfantine d’excitation à l’idée de coller son logo ou un joli visuel partout, ça fait un peu l’effet pochette surprise de les recevoir je suppose ! Et même en tant que consommatrice, se voir offrir quelque chose, surtout quelque chose qui nous plaît et nous est utile, c’est indéniablement agréable, soyons honnêtes !

Et au-delà des goodies ?

En fait, cette réflexion va bien plus loin que les goodies seulement. On peut questionner toutes les productions d’objets, les bidules, les bricoles, les babioles (que des mots en « b » jusqu’ici !) décoratifs ou non, qui sont produits en continu dans le monde entier dans l’espoir de créer un besoin chez des gens qui ne l’ont pas, ou qui croient l’avoir…

La vente d’objets de créateurs

Par exemple, j’ai une boutique Redbubble (qui ne m’a d’ailleurs pas rapporté le moindre centime pour le moment !), sur laquelle je vends une illustration apposée sur divers objets du quotidien : carnets, housses d’ordinateur, horloge, plaid, tableau… (dont je ne sais d’ailleurs pas du tout la qualité de production)

L’idée pour moi était à l’origine de donner une deuxième vie au visuel d’une affiche que j’avais faite bénévolement, et peut-être si le concept marche, mettre en vente d’autres produits de cette façon pour avoir une forme de revenus réguliers indépendants de mes prestations de services (c’est toujours une bonne idée de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier !).

Faut-il se sentir coupable de vendre ses œuvres de cette façon ?

Mais je me demande souvent si c’est cohérent pour moi de me lancer dans ce genre de commerce. Sur Redbubble, les produits sont fabriqués à la demande, ce qui écarte déjà le gaspillage des invendus (mais implique aussi un prix de vente beaucoup plus élevé !).

Mais il y a déjà tant d’artistes, d’illustrateurs, de créateurs, et d’entreprises qui essaient de vendre leurs créations en tentant de caser des objets jolis à des gens qui pour la plupart en ont déjà et n’achètent pas par nécessité mais par envie…

Créer et produire toujours plus, ou pas ?

Il y a déjà tant d’objets qui circulent, le monde « dégueule » de produits divers au point que les gens jettent parfois des trucs presque neufs à la déchetterie sans la moindre culpabilité au seul prétexte de changer intégralement leur déco tous les 3 ans !

Est-il responsable de continuer à mettre de nouveaux produits sur le marché, alors que l’ère est plutôt au recyclage, au Do It Yourself (DIY) et à l’Upcycling (c’est quand on transforme des choses pour leur donner une seconde vie sans passer par la case centre de tri) ?

Vers un monde de l’occasion et de l’upcycling ?

Les sites et applications comme Vinted font monter le marché de l’occasion en flèche et c’est super (même si les transporteurs polluent autant avec du neuf qu’avec de l’occasion). Nous autres créateurs ne devrions-nous pas abandonner la vente en ligne d’objets nouveaux pour s’engager plutôt dans la revalorisation locale d’objets usagés ?

Je prends pour exemple la Regratterie, ressourcerie/recyclerie créative dans la région de Poitiers, qui récupère des matériaux, et les réassemble en de nouveaux objets au design unique et original. Je trouve ça génial ! En plus, ça induit un partage de connaissances et de compétences intéressant, qui peut aussi créer du lien entre les gens.

Vous l’aurez compris, beaucoup de questionnements se bousculent dans ma petite tête d’entrepreneure engagée !

Et vous, que pensez-vous de tout ça ?

 

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